Cher Jean-Pierre,
J’ai lu ce que MKL a écrit sur Doblin et en particulier sur les uniformes militaires portés par les civils…
Voilà ce que j’ai écrit à ce sujet :
Au début de l’occupation, on avait donné aux enseignants, des civils donc, des uniformes sur lesquels, petit à petit, on leur avait mis des macarons au lieu de grades ; ils les portaient avec ostentation, paraît-il, ce qui faisait rire les « vrais militaires » comme l’écrit K.H.Adler dans son article « Selling France to the French : The French Zone of Occupation in Western Germany ».
Voici une photo de quelques enseignants du collège de Fribourg juste après 1945.
Au premier rang, 3° à partir de la gauche, M.Portemont le proviseur.
Deuxième rang, tout à droite, Mle Klein, prof. d’allemand.
En haut, 2° à gauche, Grisard, prof de français-latin, près de lui, Graille histoire-géo, le suivant est Franck, français-latin. Quatre hommes sur huit portent l’uniforme.
Il n’y avait pas que les gens de l’enseignement qui voulaient porter un ô combien prestigieux uniforme à ce moment là :
Emile Laffon, grand résistant, administrateur de la zone d’occupation en Allemagne de 1945 à 1947, exigea, lui civil, qu’on lui fasse un uniforme. Le général Navarre qui ressentait une certaine antipathie à son égard s’est amusé à raconter que Laffon demanda à ce que cet uniforme ressemblât à celui d’un général : alors, on lui mit des feuilles de chênes métalliques qui pouvaient passer pour des étoiles…
Les civils en poste sont appelés tout d’abord des ASTO : Les « Assimilés Spéciaux des Territoires occupés » . Très vite, on les désignera sous le titre nouveau de « contractuels ».
Je vais ajouter que Pierre Pène, gouverneur français, puis commissaire du Land de Bade de 1946 à 1952 porte souvent un uniforme bien que civil, dans certains livres allemands qui traitent de l’époque ou il habite Fribourg, on l’appelle ‘General » …
Et les pauvres femmes ASTO dans tout ça ? Elles n’ont pas eu droit à l’uniforme.
Dr. Josette A. Wisman