Dernièrement Yvette Isaac a publié une anecdote concernant sa recherche d’information, lors d’une visite, dans les années 50, à la bibliothèque militaire de Baden-Baden, curiosité qui s’est soldée par un mémorable sermon. Relire
Madeleine Klümper Lefebvre nous apporte un regard très humoristique sur cette littérature :
Ton anecdote, Yvette, était d’une innocence si ravissante que ta question de savoir si tu devais à présent te mettre à la lecture de ce bouquin diabolique m’avait inspiré quelques mots de commentaire … Je me remets dans l’ambiance :
» Oui , chère Yvette, tu peux te mettre à lire quelques pages. Le style, en allemand, est assez bon. Je suppose que la traduction est à la hauteur. Celui qui lit ce livre est immédiatement mis au courant du but de la politique prônée et des mesures envisagées. Je ne vois donc pas pourquoi ton père fut si choqué! Pour ceux qui on vécu la guerre et l’après-guerre, ce ne pouvait absolument pas être de la propagande nazie ! Ce ne pouvait être qu’une preuve de plus, s’il en était besoin, de l’horreur d’une politique de destruction !
Combien de fois n’ai-je pas entendu , depuis , dire par des Allemands : « Si on avait lu « Mein Kampf » , on aurait su à quoi s’en tenir ! »
Le bouquin était offert d’office aux couples qui se mariaient et on avait soin alors de le placer bien en vue dans sa bibliothèque où il sommeillait bien gentiment.
Günther avait un jour vu son père déplacer le livre en question, saisir un petit opuscule, qui se trouvait derrière, le fourrer dans la poche de son peignoir et disparaître dans la chambre parentale où les enfants n’entraient jamais. La curiosité du garçon fut éveillée et il s’arrangea, le lendemain, alors qu’il était seul à la maison, d’aller voir ce qui se trouvait caché derrière « Mein Kampf ».
L’enfant de sept ans sentit alors son visage s’ empourprer et ses sens s’éveiller brutalement à la vue d’images fort suggestives qui n’étaient destinées qu’à des couples à la recherche d’expériences encore inédites…
Dix ans plus tard, Günther partait à la conquête de l’Est…
Vingt ans plus tard il aimait une jeune Française… »